J’ai beau garder mes habitudes d’européenne, habiter dans un des meilleurs quartiers de Santiago, j’ai beau écrire des sms dans la rue ou dans le métro, ce que personne ne fait ici (à cause des vols à la tire ; je vous rassure je me tiens tout de même sur mes gardes!!), j’ai beau manger mon chocolat noir et aller faire du ski, je suis consciente de tous ces petits détails qui créent une différence. Ce n’est rien, paraît-il, à côté de la campagne chilienne, ou des pays voisins. Le niveau de vie, le coût de la vie sont bien sûr plus bas ici qu’en Europe, mais sont les plus élevés d’Amérique du Sud. Tout est relatif, comme le disait notre ami Albert. Mais je vois ça de mon point de vue d’européenne, il faudrait comparer avec le revenu moyen d’un chilien.
Lorsque je suis montée au Cerro San Cristobal, je ne vous ai montré en photo qu’un seul côté de la ville : de l’autre la réalité est différente. Il y a des quartiers pauvres à Santiago, des quartiers où je passe parfois mais où je ne m’éternise pas, avec des toits en taule et, avec des terrains vagues, avec des rues sales, avec des ordures ménagères jetées le long du fleuve, avec des logis délabrés, pas encore des cabanes mais déjà plus des maisons.
J’espère n’avoir pas trop noirci le tableau, le Chili reste un pays civilisé !! Mais c’est quand même… différent. Différent de «mon monde », le monde occidental, de ce que j’ai toujours connu et vécu. Et c’est fort contrasté : après avoir croisé ces gens, marché dans ces rues, on entre dans le bâtiment très moderne de l’université, avec des étudiants ou des professeurs comme vous et moi, chiliens ou étrangers, et on pourrait tout à fait s’imaginer en Europe. Le fait est que beaucoup de Chiliens vivent largement au-dessus de leurs moyens. Le pays a subi une forte influence nord-américaine, très visible dans le mode de vie ; peu de sport, aliments très sucrés, grosses voitures et grands centres commerciaux. C’est Alfred Sauvy qui disait (et là j’étale ma culture =D) que les inégalités entre riches et pauvres sont plus fortes dans les pays du Sud que dans ceux du Nord.
Si on gratte un petit peu, les Santiaguinos peuvent devenir très chaleureux. Je ne sais pas s’il est écrit sur ma figure que je suis européenne, mais c’est vrai que de prime abord je n’ai pas le type latino ! Les gens nous demandent d’où nous venons (pour être honnête, c’est surtout un fois qu’ils ont entendu notre semblant d’espagnol !!). Parfois ils ont appris le français, parfois ils nous demandent ce que nous faisons à Santiago, si la ville nous plaît, si nous nous y habituons… Dans les immeubles, (dans le mien du moins) il y a pendant la journée une personne à la réception, et également un « portier d’ascenseur. » Vous dîtes à quel étage vous désirez vous rendre, il appuie sur le bouton. Lorsqu’on l’emprunte plusieurs fois par jour, on finit par discuter, ou tout du moins essayer, même si le trajet ne dure que quelques secondes. L’ascenseur est un véritable lieu de mixité sociale, et enseigne bien des choses sur ceux qui l'empruntent, si toutefois on admet que l’apparence en dit long sur l’individu…
Everything ‘s so different
But that’s what I was looking for. Something different