Nous sommes donc toujours à Vicuña, si je ne vous ai pas perdu en route !
Le jour suivant est le 18 Septembre, jour de la sacro-sainte fête nationale chilienne.
Rien à voir avec le 14 Juillet en France : ici le pays tout entier s’arrête pendant trois jours, fait la fête, boit, mange et danse beaucoup ! Je passe la journée du 18 à Vicuña, où après la kermesse j'assiste au défilé municipal (la moitié de la ville défile autour de la place principale: les écoliers, le club de judo, des différentes fanfares, la société des artisans de la ville, les associations de cueca, la danse nationale chilienne, c’est quelque chose !!)… cette ville compte 24 000 habitants ! Les danseurs de cueca nous font une démonstration, c’est vraiment une danse traditionnellement typique, dont les Chiliens sont très fiers et que même les jeunes générations savent danser, on l’apprend à l’école quand maman ne s’en est pas chargée…
Je suis contente d’avoir passé la journée du 18 dans un village plus petit, pour pouvoir vraiment me rendre compte de l’ambiance dans la "campagne". Je regagne ensuite La Serena, même auberge, même couple d’Allemands que je retrouve! La ville est déserte en ce vendredi après-midi, je descends jusqu’à la plage, déserte également, dans l’idée de contempler mon premier coucher de soleil sur le Pacifique. Et là, je retrouve par hasard deux personnes croisées à l’auberge une heure plus tôt : elle est polonaise, il est anglais et fête son anniversaire dans quelques heures. Ils se sont rencontrés à Ushuaïa, et voyagent ensemble depuis, en remontant vers le Nord. Le coucher du soleil est magnifique, les cerfs-volants volent au-dessus de la plage, j’ai froid mais nous chantons
Joyeux anniversaire James !
en toutes les langues que nous connaissons. Avec un second Anglais, nous passerons une soirée animée sous un chapiteau de l’enceinte militaire de La Serena, où une grande fête est donnée en l’honneur du diesiocho, la Fête Nationale. Au programme : cueca, musique chilienne, rencontres avec des chiliens de tous âges et de tous horizons, encore la cueca, que nous essayons de danser, et puis la chaleur et la gentillesse des Chiliens avec qui nous buvons un verre, avec qui nous discutons dans un mélange d’anglais et d’espagnol, et puis toujours la cueca !
Ensuite, après un dernier tour dans les rues de La Serena, il faudra rentrer à Santiago, descendre un bout de la Panaméricaine, les vallées de cactus, le Pacifique qui se déchaîne sur les rochers, le film Australia avec Nicole Kidmann, les baies et criques qui se succèdent, les nuages qui escaladent et caressent littéralement les montagnes côtières, mon voisin qui se demande bien pourquoi je passe mon temps à prendre des photos (normal, il est blasé lui !!)… Et puis retrouver mes coloc’, mon Mac =), faire des lessives et regarder la ville depuis mon vingtième étage. Et puis, parce que nous sommes devenus inséparables, réfléchir avec mon copain LP (Lonely Planete) sur mes prochaines destinations.
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Ce voyage en général, et plus particulièrement ces quelques jours seule, m’ont énormément apporté : au-delà de la beauté et diversité des paysages, j’ai approché des cultures différentes dans l’Atacama, j’ai eu un aperçu de la vie en dehors de Santiago, plus « campagnarde », plus tranquille, plus authentique surtout, j’ai beaucoup observé les Chiliens et leur façon de vivre (et notamment de faire la fête) et essayé au maximum d’échanger avec eux, ce qui s'est rélévé plus facile qu’à Santiago.
Ce voyage, c’était aussi les compromis, les plans foireux et comment rebondir, les interminables discussions sur l’agencement des excursions de San Pedro. J’ai découvert l’ambiance des auberges de jeunesse, des rencontres, des conseils reçus puis donnés, des astuces échangées ; les récits de voyage, les visages sans nom mais qu’on n’oubliera pas, les moments partagés avec de parfaits inconnus qui en quelques instants deviennent des compagnons de voyage. Ces personnes qu’on ne reverra sans doute jamais mais qu’on n’oubliera pas pour autant.
C’était aussi l’ivresse de pouvoir décider de ce que je fais, d’où je vais, de changer de plan chaque heure si j’en ai envie, ces moments de satisfaction et de bien-être lorsqu’on accomplit ce qu’on s'était fixé, mais aussi ces moments de doute ou de solitude qui font d’autant plus apprécier la compagnie humaine lorsqu’on la retrouve. C’était rester une demi-heure au sommet d’une colline si ça me chante, recourir à des stratagèmes abracadabresques pour pouvoir prendre une photo avec le retardateur, rencontrer des Chiliens et des gens de partout. C’était avoir dix-neuf ans, être à l’autre bout du monde, me sentir vivante, heureuse et libre.
Car vivre, c'est bien plus que respirer, vivre c'est avoir le souffle coupé