La veille du notre départ pour le parc, nous décidons de nous lancer dans un trekking de trois à quatre jours : le W de Torres del Paine. Le jour J, le plan que nous avions mis au point tombe à l’eau : les conditions météo sont défavorables pour naviguer sur le Lago Grey… résultat, nous commençons par un tronçon supplémentaire de 18 km, comme une mise en bouche : nous aurons le vent de face toute l’après-midi, mais nous passons un très bon moment avec une hollandaise qui s’est retrouvée dans le même cas que nous… nous ne croiserons qu’une seule personne, le chemin est plat. Le soir, nous arrivons au premier bassement, où se trouvent un refuge-hôtel et un camping… nous n’avons que nos sacs de couchage, aussi nous pensons dormir dans le refuge-hôtel… mais le prix du lit en dortoir fait mal au porte-monnaie, whaou, je n’ai encore rien vu d’aussi cher ! (d’ailleurs tout est cher, vu comme c’est isolé, et vu comme c’est touristique et fréquenté par des gens qui ont de l’argent). Résultat, les nuits suivantes, nous dormirons sous la tente… cela coure moins cher de louer la tente, un matelas et un sac de couchage. Car oui, il faut DEUX sacs de couchage pour dormir, sinon on est transi de froid ! Petite anecdote : comment manger des pâtes lorsqu’on a que des pâtes et rien pour les préparer… on emprunte une gamelle, on utilise la « cuisinière » du camping, on les met dans un verre en plastique qu’on a trouvé et on a une cuillère pour 2… quand je vous disais qu’on s’était décidées à la dernière minute !
Le lendemain, première étape du W : aller-retour de 22 km le long du Lago Grey (la branche de gauche) , avec au bout, un point de vue sur le Glacer Grey ! Superbe, très imposant. L’eau des rivières, des lacs se boit et est délicieuse, au moins pas besoin d’acheter d’eau ! Et le soir, première nuit sous la tente… sous la pluie !
Deuxième étape du W : 25 km, avec une ascension escarpée dans la dite Vallée du Français, au bout de laquelle (5,5 km en 2h et demi, c’est vous dire la difficulté) se trouve un point de vue sur les « cornes. » La neige nous fera rebrousser chemin, car elle rend les pierres glissantes, et les chemins escarpés de terre deviennent de la boue… Donc il nous manque un tout petit bout du W, tout petit. Nous verrons les cornes, mais de plus loin. On continue sur la base, vers la droite, nous longeons un autre lac, superbe sous le soleil, avec les montagnes derrière, les cornes, et ces magnifiques arbustes à fleurs rouges… ça monte et ça descend, et moi je m’arrête sans cesse juste pour contempler le paysage, et Anne… est toujours 50 m devant ! Parfois c’est assez cocasse, il nous faut marcher sur des bâtons dans la boue ou dans l’eau, traverser des pierriers ou des courants en sautant de pierres en pierres !
Troisième étape du W, qui nous mène en haut de la courbe de droite. Nous cheminons avec un espagnol que nous avons rencontré la veille au refuge (on peut y manger - pour très cher comme d’habitude - ou juste s’asseoir au chaud en dehors de l’heure de service). Le temps est couvert, et nous montons beaucoup ! Les paysages sont un peu différents, mais toujours très beaux. Nous arrivons à l’escalade finale, ça monte vraiment fort : 800m sur ! Et bien sûr, il se remet à neiger… Cette fois, nous irons jusqu’au bout quand même… Mais nous ne verrons pas les tours de près ! On redescend au refuge - camping pour notre dernière nuit sous la tente… par -5°C (d’où les deux sacs de couchage !!). Enfin, le dernier jour nous rejoignons l’entrée du parc, heureuses et fières d’avoir réussi, d’avoir parcouru 95 km, d’avoir contemplé tant de paysages incroyables et d’avoir vécu des moments pareillement palpitant, et d’avoir rencontré tant de personnes : des Espagnols, des Allemands des Québécois, des Américains, des Israéliens, des Suisses, des Hollandais… et j’en passe !