La seconde épreuve : réussir à obtenir que ces conventions de stage soient signées. Ca a mis le temps, mais au moins ça m'a fait travailler ma persévérance...
Vendre, fondamentalement, ne m'a jamais attirée. Simplement parce que je n'aime pas les vendeurs qui me tombent dessus quand je fais du shopping, j’aime regarder toute seule, et éventuellement, si j’ai une question j’irai demander. Là, je suis de l'autre côté de la barrière. Et je me rends compte qu'en fait, mes profs d'éco avaient en partie raison, on "répond" d'abord à un besoin avant de créer des nouvelles envies (après, je n'entre pas dans le débat marketing, ce n'est pas le but ici), il y a quand même beaucoup de personnes qui viennent parce qu'elles cherchent réellement quelque chose (un cadeau, un meuble, une tenue pour un mariage- c'est l'époque ici- la Saint-Valentin etc. Mais la mentalité chilienne est différente, ici même on baratine beaucoup et c'est "normal." Sans aucune expérience en la matière, j'ai appris en regardant les trois chiliennes très sympathiques avec qui je travaille (elles ont entre 55 et 65 ans), et maintenant ça va mieux, j'arrive moi aussi à renseigner et à vendre un peu, à me dépatouiller en espagnol avec les clientes.
Alors, que vendons-nous? Des cadres, des miroirs, des meubles, des lampes, des éléments décoratifs en tous genres, des sculptures, des fontaines, des vêtements pour femmes et des bijoux, un joyeux pêle-mêle aux couleurs coloniales (statues d'éléphants) et zen: beaucoup de Bouddha partout. A des prix très européens, c'est-à-dire pas abordables pour les gens de classe moyenne; sans dire que c'est du luxe, parce que ca n'en est pas, c'est des gens aisés qui viennent ici. Ambiance garantie, encens, musique zen, ventilateur; la jefa, la chef, donne des séminaires de Feng Shui, vous connaissez bien sûr, au cas où vous auriez un trou de mémoire je me fais fort de réparer cette erreur, littéralement « le vent et l'eau », c'est un art taoïste millénaire dont le but est d'harmoniser l'énergie environnementale, d'un lieu de manière à favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses occupants, et d'en retirer un bien-être spirituel. Donc on agite un objet en l'air pour que les énergies positives se concentrent et s'harmonisent, on fait sonner une cloche et on brûle de l’encens pour nettoyer l’air et faire venir les clients...
Ma spécialité, c’est monter dans la vitrine pour déshabiller un mannequin parce qu'une cliente veut la robe qu'il porte (et comme les modèles sont tous uniques ou presque, on peut pas donner l'autre-qui-est-en-rayon !!). Mon principal problème, c'est qu’il y a trop d'articles qui n'ont pas d'étiquette de prix, que mon cerveau n’en retient qu’un nombre limité ; résultat quand on me demande, je dois moi-même me renseigner auprès de la gérante... c'est d'un pratique! Mais c'est une parfaite illustration chilienne de manque de rigueur…
Un autre article viendra peut-être, davantage centré sur les habitudes chiliennes en matière de magasinage…