"Dans 20 ans, tu seras plus déçu(e) par les choses que tu n'auras pas faites que par celles que tu auras faites. Alors largue les amarres,
sors du port, attrape les alizés dans tes voiles.
Explore. Rêve. Découvre." 
(Mark Twain)
 

Dimanche 22 novembre 2009 à 21:29


Il y a toujours des choses qui me surprennent. C'est normal, les différences culturelles et les habitudes sociales font que. Mais là quand même, je trouve qu'ils y vont un peu fort. A vous de juger!

Commençons par un thème dont je vous ai déjà parlé : les élections présidentielles. Ils sont quatre candidats au total : quatre hommes, trois de gauche et un de droite. Je n’ose pas imaginer à combien vont monter les dépenses de campagne électorale. Voici quelques aperçus: entre les déplacements médiatisés et les quelques discours et promesses, leurs supporters (ou intermédiaires payés pour ça ?) distribuent des drapeaux, des calendriers avec la photo du candidat (vous auriez pris un calendrier Sarko ou Ségo pour mettre dans votre cuisine?), parfois j’ai droit sous mes fenêtres à quelques défilés klaxonnant de voitures, camions de campagne et bus à l’effigie d’un candidat (un vrai mariage), on implante des immenses panneaux, les militants du samedi au feu rouge se plantent sur le passage pour piéton et agitent leur drapeau devant les voitures arrêtées. On baigne en pleine folie, d’autant que d’après ce que j’ai entendu jusqu'à maintenant au contact de Chiliens, entre eux et la politique, c’est du « je t’aime - moi non plus. » Cyniques, lucides tout simplement, désabusés peut-être. ‘Tous pareils’  ‘que des menteurs.’ Ca au moins, c'est pareil partout...


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L’autre addition mirobolante doit être celle des frais publicitaires des universités. Professeurs français, réjouissez-vous, l’université française n’est pas encore un marché privatisé comme au Chili. Nous sommes ici en pleine période de ‘recrutement’  d’étudiants qui sortent du lycée puisque l’année scolaire ici se termine (coïncidant avec l’année civile), la rentrée sera début Mars. Résultat, on peut difficilement faire plus de cinquante mètres sans tomber sur un publicité pour telle ou telle université. Je dois avouer (sans en être particulièrement fière; je ne fais que constater) que sur mon quartier, c’est l’Universidad Mayor (la "mienne"), qui les coiffe toutes: vous imagineriez-vous, si vous êtiez professeur émérite  d’une université, voir votre photo de cinq mètres de haut dans l'une des stations de métro les plus empruntée de la capitale ? non non. Voici d’autres exemples, en image. Et  oui, bien sûr il y en a aussi au cinéma et à la télévision.

http://citizen-of-the-world.cowblog.fr/images/UMayor/DSC09890.jpg(dans le métro)

http://citizen-of-the-world.cowblog.fr/images/UMayor/DSC09945.jpg(lui je suis sensée l'avoir le semestre prochain, c'est un prof d'éco et je l'ai vu une fois dans le journal du soir de CNN Chile)

http://citizen-of-the-world.cowblog.fr/images/UMayor/DSC09892.jpg(tous les moyens sont bons)

Je n'entrerai dans aucun débat politique
Je transmets juste ce dont ce que je vois
Mais, por Dios,
ils sont todos locos

Mercredi 7 octobre 2009 à 5:42

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Parfois je me pose au soleil, devant la fenêtre de la cuisine, mon bol de thé dans les mains,  et je regarde cette vie qui grouille devant moi, vingt étages plus bas. Ces piétons qui traversent, qui vont au travail, au restaurant, reviennent de la poste, partent acheter des cigarettes  ou rentrent de leur rendez-vous galant, les taxis qui font la queue au feu tricolore et les pompiers qui passent et qui ne passent pas inaperçus. Je remarque que les feuilles ont poussé sur les arbres, c’est le printemps maintenant, que les bus n’arrêtent pas. A 11h, le carillon de l’église sonne.  Je sais qu’il y cet homme devant le métro qui vend ses bonbons à l’eucalyptus, j’imagine mes amis en cours, au café  ou récupérant de leur soirée, l’eau  coule dans le caniveau, est-ce une fuite ou est-ce le nettoyage municipal, je ne sais pas, tiens, ce tremblement provient-il des mouvements des plaques tectoniques ou des vibrations occasionnées par le métro ?

Et je ne peux pas m’empêcher d’admirer l’Homme et ce qu’il a réussi à construire : la société. Cet ensemble de règles et de conventions, cet accord tacite, cette construction conceptuelle où les hommes se complètent les uns les autres, les uns enseignent, d’autres comptent, transmettent, vendent ou achètent, livrent, fournissent, conduisent, de jour comme de nuit, appellent, … mais aussi nettoient, rendent la monnaie, font le tri à l’entrée des discothèques, chargent et déchargent, interpellent les passants, mendient. Ou volent, et tuent, volontairement ou non, etc.

Et j’entends le bruit de la circulation et j’entends bien qu’on n’entend pas les oiseaux le jour. Je vois ces vieilles voitures et ce nuage de pollution sur la ville qui cache les montagnes, et les quelques arbres pris dans le béton. Est-ce ça, la société humaine? Aller jusqu’au mépris de la nature qui lui a tout donné, l’eau, les plantes, les fruits, les animaux, le bois pour se construire une maison, les pierres pour la rendre plus solide, les matériaux organiques, le charbon pour se chauffer, le pétrole pour conduire la voiture, fabriquer toutes ces choses qui se sont rendues indispensables dans la course au progrès…  Sans  tout ça nous ne serions certainement pas là il est vrai, je ne serais pas en train de vous écrire sur mon Mac depuis le Chili où je suis en échange universitaire et je ne pourrais pas vous voir en caméra, et vous ne m’enverriez pas de photos prises depuis votre appareil numérique, de toute façon tout aurait été différent et nous-mêmes en tant que personnes, individus génétiques et caractériels propres n’existerions probablement pas.

Ce sont tant de choses auxquelles je n’avais jamais réfléchi ou pris le temps de réfléchir. Cela existe aussi en Europe, mais depuis dix-neuf ans cela fait partie de mon paysage quotidien, direct ou indirect, aussi je ne le vois plus. Mais ici tout est nouveau, tout est à découvrir, saute aux yeux, ou bien est-ce moi qui prends le temps de regarder autour de moi ? Et de réfléchir et de m’interroger. Les ports industriels en face de la plage, les ordures qui volent, la vie dans une capitale, les montagnes de sacs plastiques, le mine filet d’eau des douches en plein désert, la mine de Chuquicatama et ses déchets… Qu’avons-nous fait de notre Terre ?

La question n’est pas ‘existe t’il des moyens alternatifs’, ni ‘cela vaut-il le coup de changer si tous ne suivent pas le même exemple’, ce n’est pas non plus ‘est-il trop tard pour changer nos modes de vie’. La véritable question est ‘les Hommes sont-ils prêts à changer ? » Les hommes sont–ils conscients des conséquences qu’occasionneraient ces changements dans leur vie ? pour ceux qui en ont les moyens (parce qu’ici, la plupart ne les a pas, ces moyens). Les Hommes sont-ils prêts à renoncer à certaines aspects de leur petites vies confortables et à se bouger un peu le cul, ne plus aller au cinéma à 20 km, prendre leur voiture pour aller acheter du pain quand il pleut, renoncer à de la viande parce qu’elle vient de Nouvelle-Zélande, à des fruits ou des légumes qui ont parcouru 2000 km pour venir, à changer de portable parce que le dernier est trop beau, et puis pfff, le mien est démodé, à voyager, tout simplement. Pensez qu’Air France propose six vols directs par semaine pour Santiago du Chili. Maintenant pensez à toutes les villes de France, d’Europe et du monde où les appareils Air France se posent. Et multipliez par le nombre de compagnies aériennes de tous les pays du monde, ajoutez tous les vols intérieurs, et multipliez par des tonnes de kérosène. Ne parlons pas des jets privés ni du fret ni des poids-lourds qui traversent les continents, ni des bus, ni de l’éclairage public, portant certainement nécessaire et qui fut considéré comme un progrès d’envergure, mais qui de nos jours est probablement porté à outrance… et la liste est encore longue.

 Et pouvons-nous, nous autres européens, qui donnons souvent des leçons mais aussi souvent le mauvais exemple, pouvons nous dire, nous les pays développés , triez vos déchets, diminuez vos émissions de gaz à effets de serre, tant pis si cela freine votre croissance il faut sauver la Terre ? De quelle couleur était le ciel en 1850 en Europe? Pouvait-on seulement le voir ? Combien de mines ont tourné, et ce pendant des années ?

Le Chili est le pays le plus développé d’Amérique du Sud. Oui, mais à quel prix ? Faut-il choisir entre développer les pays pauvres, s’assurer que plus personne ne crève de faim et que tous ont accès à l’eau potable, et un développement durable ? Pourquoi eux n’auraient pas le droit aussi à leurs écoles,  leurs ordinateurs, leurs décapotables et leurs centres commerciaux, leurs maisons climatisée et leurs piscines ?  Devons-nous choisir entre éradiquer la misère ou respirer de l’air pur ?  Y a t-il un moyen de concilier les deux, ou plutôt y a t’il un moyen de convaincre les hommes à se lancer dans ce défi gigantesque, ce défi de l’humanité ?

Tout ce qui pourrait changer si... si ensemble, nous y mettions du nôtre. Le monde est vaste, et la liste est longue. Mais même dans le noir, il y a toujours une lueur d'espoir quelque part.

Jeudi 20 août 2009 à 6:00

 Je prends une leçon de vie. Le simple fait de marcher dans la rue, de voir des gens qui mendient, ces vendeurs à la sauvette qui vous proposent churros, bonbons à la menthe, colliers, barres chocolatées, les cireurs de chaussures, le simple fait de traverser certains quartiers où les rues, les maisons sont sales,  les ordures sont jetées sur les terrains vagues, les commerces ressemblent à ceux du boulevard Barbès… tout rappelle que l’Europe est une des régions les plus riches au monde ; dans les petites échoppes par exemple, il y a une personne qui vous sert et vous tend un premier papier avec la somme due, puis on va à la caisse où l’on paye, et enfin on vous donne un reçu avec vos achats. Ce reçu est un simple bout de papier de 3 cm sur 6 cm, avec le nom du magasin imprimé, et la somme payée, écrite à la main. Un double carbone est conservé par le vendeur. Oui, un double carbone. Ce n’est pas le cas dans les supermarchés cependant, où cela se passe comme en Europe. Par contre si vous êtes en pénurie de sacs en plastique, je peux vous en envoyer… j’en ai déjà un sacré stock. L’écologie et la lutte contre le gaspillage des ressources terrestres ne sont pas encore arrivées ici, il y a d’autres priorités.http://citizen-of-the-world.cowblog.fr/images/santiago/DSC08398.jpg
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J’ai beau garder mes habitudes d’européenne, habiter dans un des meilleurs quartiers de Santiago, j’ai beau écrire des sms dans la rue ou dans le métro, ce que personne ne fait ici (à cause des vols à la tire ; je vous rassure je me tiens tout de même sur mes gardes!!), j’ai beau manger mon chocolat noir et aller faire du ski, je suis consciente de tous ces petits détails qui créent une différence. Ce n’est rien, paraît-il, à côté de la campagne chilienne, ou des pays voisins. Le niveau de vie, le coût de la vie sont bien sûr plus bas ici qu’en Europe, mais sont les plus élevés d’Amérique du Sud. Tout est relatif, comme le disait notre ami Albert. Mais je vois ça de mon point de vue d’européenne, il faudrait comparer avec le revenu moyen d’un chilien.

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Lorsque je suis montée au Cerro San Cristobal, je ne vous ai montré en photo qu’un seul côté de la ville : de l’autre la réalité est différente. Il y a des quartiers pauvres à Santiago, des quartiers où je passe parfois mais où je ne m’éternise pas, avec des toits en taule et, avec des terrains vagues, avec des rues sales, avec des ordures ménagères jetées le long du fleuve, avec des logis délabrés, pas encore des cabanes mais déjà plus des maisons.

J’espère n’avoir pas trop noirci le tableau, le Chili reste un pays civilisé !! Mais c’est quand même… différent. Différent de «mon monde », le monde occidental, de ce que j’ai toujours connu et vécu. Et c’est fort contrasté : après avoir croisé ces gens, marché dans ces rues, on entre dans le bâtiment très moderne de l’université, avec des étudiants ou des professeurs comme vous et moi, chiliens ou étrangers,  et on pourrait tout à fait s’imaginer en Europe. Le fait est que beaucoup de Chiliens vivent largement au-dessus de leurs moyens. Le pays a subi une forte influence nord-américaine, très visible dans le mode de vie ; peu de sport, aliments très sucrés, grosses voitures et grands centres commerciaux. C’est Alfred Sauvy qui disait (et là j’étale ma culture =D) que les inégalités entre  riches et pauvres sont plus fortes dans les pays du Sud que dans ceux du Nord.

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Si on gratte un petit peu, les Santiaguinos peuvent devenir très chaleureux. Je ne sais pas s’il est écrit sur ma figure que je suis européenne, mais c’est vrai que de prime abord je n’ai pas le type latino ! Les gens nous demandent d’où nous venons (pour être honnête, c’est surtout un fois qu’ils ont entendu notre semblant d’espagnol !!).  Parfois ils ont appris le français, parfois ils nous demandent ce que nous faisons à Santiago, si la ville nous plaît, si nous nous y habituons… Dans les immeubles, (dans le mien du moins) il y a pendant la journée une personne à la réception, et également un « portier  d’ascenseur. » Vous dîtes à quel  étage vous désirez vous rendre, il appuie sur le bouton. Lorsqu’on l’emprunte plusieurs fois par jour, on finit par discuter, ou tout du moins essayer, même si le trajet ne dure que quelques secondes. L’ascenseur est un véritable lieu de mixité sociale,  et enseigne bien des choses sur ceux qui l'empruntent, si toutefois on admet que l’apparence en dit long sur l’individu…

Everything ‘s so different
But that’s what I was looking for. Something different

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